"Mon père avait beaucoup joué sur le fait que cette ville a une unité, qui est l’esprit ouvrier. Les gens étaient ouvriers à l’usine, presque tous arrivés en même temps. Les gens habitaient en HLM, et les enfants n’avaient pas le droit de jouer dans les cages d’escaliers, on jouait dehors pour ne pas déranger les ouvriers postés et la nuit c’était hyper silencieux. Même encore aujourd’hui, il y a ce respect. Cette histoire se retrouve dans la solidarité qui est dans la population et donc aussi dans l’accueil des exilés, dans la manière dont on a pu se lancer. Je pense que cela a joué, cette solidarité ouvrière. J’ai recréé une fête du 1er mai il y a une dizaine d’années, où après les manifestations, on faisait aussi un bal guinguette avec un barbecue gratuit avec toutes les organisations syndicales ensemble, même s’ils ne défilaient pas ensemble ! C’est important de cultiver cette mémoire ouvrière. Il y a par exemple un musée de la sidérurgie, de la mine, où les anciens salariés étaient très contents de partager leur histoire aux enfants, aux groupes d’école. C’est un héritage particulier dans la ville, comparé à d’autres villes, avec cet état d’esprit conservé depuis les années 60, et sur lequel on s’appuie."
Damien Carême, Député européen, ancien Maire de Grande-Synthe